Étude de Recherche Participative " Des femmes autonomisées pour des communautés résilientes et pacifiques dans le sud de la Tunisie"

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Étude de Recherche Participative " Des femmes autonomisées pour des communautés résilientes et pacifiques dans le sud de la Tunisie"
Author(s)/editor(s)
Sociologues: Kochbati Imen & Jaballah Soufiane | Assistant(e)s: Maroua Mejri, Koussai el Beni

L’Étude de Recherche Participative "Des femmes autonomisées pour des communautés résilientes et pacifiques dans le sud de la Tunisie", couvrant trois Gouvernorats du sud tunisien: Gabès, Tataouine et Médenine. Elle est basée sur une analyse statistique qui a permis d’identifier la situation socio-économique, professionnelle et familiale actuelle de la femme dans les gouvernorats concernés et une analyse sociologique issue de trois focus groupes menés dans les régions mentionnées, et qui a servi à comprendre les causes de la précarité de cette situation, et aussi à entériner les réformes à prévoir pour garantir et maintenir l’autonomisation de la femme du Sud-Est tunisien ainsi que son renforcement pour un rôle plus important dans la cohésion sociale.

Les principaux résultats de l’étude quantitative et les outs-put des focus groupe ont montré que la situation professionnelle de la femme au Sud-Est Tunisien est précaire et qui a été fragilisée par une précarité sociale. Cette situation est encore plus défavorable, quand il s’agit des femmes qui habitent dans les zones rurales, vu que ces dernières n’ont pas accès à une offre diversifiée d’emploi, et qu’elles rencontrent des difficultés à s’éloigner de leurs foyers. Elle est liée également aux obstacles auxquels elles se heurtent au niveau de l’ascension sociale et de la promotion professionnelle. Bien que la participation de la femme à la vie politique et associative ait évolué considérablement, la domination masculine qui caractérise encore la société tunisienne, fait que les postes qu’elle occupe sur le plan professionnel constituent des postes plutôt consultatifs que décisionnels. Une domination superposée au plan familial a comme conséquence qu’elle souffre encore, au niveau du ménage, de la division des tâches basée sur le genre et du désengagement de la part de l’homme, qui a abdiqué ses responsabilités au détriment de la femme. Les participant.e.s déplorent une socialisation dans les familles basées sur la différenciation entre les enfants selon leur sexe. Ils voient que le changement des mentalités doit impérativement passer par la famille.

Selon les femmes enquêtées et les acteurs locaux qui ont participé aux focus groupes, la femme a vu sa situation sociale et professionnelle et ses acquis s’ébranler ces dernières années, et le meilleur indicateur de cette situation est selon elles, est l’augmentation du taux de violence à l’encontre de la femme. Une violence verbale, physique et psychologique, à laquelle s’ajoute une nouvelle forme de violence, qui est la violence cybernétique. La violence est exercée majoritairement dans l’espace privé, par le conjoint, le père et le frère, mais aussi dans l’espace public et professionnel.

Un autre facteur, qui a été cité dans l’explication de la précarité de la situation socioéconomique de la femme, est le manque flagrant d’accès aux services de soins faute d’infrastructure et de personnel médical spécialisé. Ces déficits du système sanitaire sont aggravés davantage par l’impact de la pollution environnementale et de la sécheresse sur la santé de la femme. Ainsi, cette dernière souffre non seulement d’un manque d’accès à l’eau, mais également du risque d’être atteinte du cancer.

Dans ce sens, la valorisation du statut de la femme et l’évolution de sa situation socio-économique nécessite, outre la création de petits projets de développement local, l’installation de méga-projets de la part de l’Etat. Mettre en place des zones industrielles frontalières qui exploitent les sources de matières premières locales est primordial, sachant que lesdites zones doivent être liées à une infrastructure moderne et un réseau de transport rapide et propagé sur tout le territoire. Une vision de l’Etat est nécessaire afin de proposer une stratégie de développement durable reliant tous les secteurs économiques vers une dynamique d’échange et d’entre-aide. Le développement économique devrait être accompagné par le développement humain basé sur les valeurs de la solidarité, de la justice et de l’égalité.

En autonomisant les femmes, on aide alors à la création d’un rapport de coopération et d’une forme de solidarité dans laquelle on reconnait la capacité des femmes à être des citoyennes avec les mêmes droits et obligations que les hommes. Comme l’a montré l’analyse sociologique, une femme dominée souffrant d’une situation précaire et vulnérable est synonyme d’une famille vulnérable, et entraine systématiquement l’affaiblissement de la cohésion sociale dans toute la société. C’est pour cela que la présente étude a essayé de donner des pistes de solutions tangibles pour changer la situation précaire des femmes au Sud-Est tunisien, en espérant que les recommandations présentées soient prises en compte afin de promouvoir des communautés résilientes et pacifiques.

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Bibliographic information

Geographic coverage: Tunisia
Publication year
2022
Number of pages
45