ONU Femmes dénonce le meurtre de Refka Cherni et appelle à mettre fin à la violence à l'égard des femmes en Tunisie

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ONU Femmes est profondément préoccupée par les niveaux alarmants des violences de genre et domestiques que les femmes tunisiennes subissent depuis le début de la pandémie, et appelle la Tunisie à appliquer effectivement ses lois protectrices pour lutter contre ces graves violations et l’impunité.

Tunis 11 mai 2021

ONU Femmes Tunisie condamne fermement le meurtre présumé de Refka Cherni par son mari le 9 mai au KEF, Nord-Ouest de la Tunisie. La victime de 26 ans était mariée à un agent de la Garde nationale et mère d’un petit garçon de deux ans. Elle avait porté plainte contre son mari le 7 mai 2021 pour violence conjugale. Ensuite, elle a retiré sa plainte le 8 mai sous la pression familiale qui auraient été exercé sur elle, et son mari est resté en liberté.

Refka a succombé à ses blessures dans un hôpital après avoir prétendument reçu plusieurs balles tirées par son mari le 9 mai. Il a ensuite été arrêté par la sécurité nationale du Kef.

L’histoire tragique de Refka n’est que le sommet de l'iceberg. Les violences de genre et domestiques sont répandues en Tunisie. Ces violations aux droits humains fondamentaux ont été aggravées par la pandémie de Covid-19 et les mesures de confinement qui ont suivi. En 2020, la violence à l'égard des femmes a été multipliée par neuf par rapport aux années précédentes. Entre mars et juin 2020, la Ligne Verte (1899) en Tunisie a enregistré 11,361 appels, dont 87% pour signaler des violences physiques à l'égard des femmes. Selon une récente enquête d'ONU Femmes, plus d'un quart des femmes tunisiennes ne se sentaient pas en sécurité chez elles, tandis que plus de la moitié des personnes interrogées, hommes et femmes, avaient été témoins ou connaissaient une femme qui avait subi des violences depuis le début de la pandémie. Le fait que tant d'hommes et de femmes connaissent personnellement une femme qui a subi des violences depuis l'entrée en vigueur des mesures de confinement montre que ces violences augmentent en raison du stress lié à la pandémie et des normes sociales patriarcales qui les tolèrent à l'intérieur du foyer.

La Tunisie a adopté une loi organique pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes (loi n ° 2017-58), mais le pays n'a pas encore réussi à éradiquer ce phénomène. Au temps du Covid-19, le réseau de soutien habituel auquel les femmes victimes de violence ont recours, comme la famille et les amis, a été considérablement limité en raison des restrictions de mouvement. De plus, l'accès aux institutions judiciaires, aux agences et aux refuges qui fournissent de l’aide aux survivantes a également été restreint.

Pour lutter contre les violences de genre et l’impunité, ONU Femmes appelle les autorités tunisiennes à:

  • Assurer la mise en œuvre effective de la loi n ° 58-2017 et veiller à ce que les survivantes aient accès aux services de la police et de la Garde nationale pour déposer leurs plaintes et bénéficier des mesures de protection prévues par la loi ainsi qu’un bon suivi de ces cas;
  • Appliquer l'article 25 de la loi n ° 58-2017 criminalisant toute pression sur la victime en vue de l’amener à renoncer à ses droits, à modifier sa déposition ou à se rétracter;
  • Envisager l'extension des horaires de travail des unités spécialisées dans les enquêtes sur les crimes de violence faites aux femmes et mettre en place des mécanismes de réception des plaintes à distance;
  • Assurer l'accès rapide des survivantes et leurs enfants aux établissements de santé et les intégrer dans la riposte Covid-19;
  • Assurer l'accès à la justice et aux ordonnances de protection conformant à la loi 58;
  • Fournir un hébergement sûr et de la protection aux survivantes et victimes et à leurs enfants ainsi qu’un soutien psychologique ;
  • Garantir toute forme de protection aux enfants des victimes;
  • Fournir une assistance sociale et économique aux survivants et favoriser leur accès aux pensions familiales;
  • Activer l'observatoire national pour la prévention de la violence à l'égard des femmes conformément à l'article 40 de la loi n ° 58-2017;
  • Organiser de nouvelles campagnes de sensibilisation du public contre la violence de genre et engager les hommes dans cette;
  • Renforcer les capacités des services de l’ordre sur la loi 58 et augmenter le nombre des unités spéciales;
  • Faire un bilan détaillé des violences faites aux femmes et des mesures à mettre en place au niveau national, régional et local;
  • Renforcer les capacités des organisations de la société civile pour aider les victimes de violences.

Pour plus d'informations, veuillez contacter:

Samer Abu Rass
Email: samer.abu-rass@unwomen.org